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La bague Jardin, par Alice Babin

Quand l’autrice Alice Babin m’a dit qu’elle aimerait écrire cinq histoires autour de cinq de mes bijoux, j’ai tout de suite été séduite. Quels chemins allait-elle emprunter ? Quelles micro fictions imaginerait-elle ? Avant qu’elle ne se lance, je n’avais qu’une chose à lui confier : une carte blanche. 

Aujourd'hui je vous propose de lire le texte autour de la bague jardin :

C’est un soir, tard, sur la plage. Le ciel est rose, puis orange, puis rouge. Le vent charrie l’odeur de la sève gluante des pins maritimes. Paul regarde l’océan. On se croirait dans une forêt à la mer. Les deux. Et Paul ne veut pas rentrer.

Chaque jour ici, Paul plonge, nu, la tête la première dans ces rouleaux qui ne lui font pas peur. Il s’enfouit dedans, puis nage pour les dépasser, et se retrouve dans l’immensité. La mer, c’est ce qu’il préfère. Alors Paul ne veut pas rentrer.

Dans l’eau, il se laisse porter et le courant choisit pour lui. Il dit que c’est le seul moment de la vie où l’on a le droit de dire qu’on ne sait pas ; car la mer sait pour toi. Il aime cet endroit d’humilité, d’inconnu, de chemin forcément biscornu. Accepter la dérive, c’est là la seule vérité.

Dans le métro Paul ne peut pas dériver parce que les couloirs sont déjà dessinés. Les changements déjà décidés. Le temps déjà compté. C’est un peu pour tout ça, que Paul ne veut pas rentrer.

Dans l’océan, Paul fait la planche et attend de voir où les flots le mèneront. Il a confiance. Ce n’est pas vrai la ligne droite ; il n’y a que des arrondis. Comment est-ce possible d’y croire encore, à cette histoire qui saurait où elle va.

Chez lui, Paul fait pousser des fleurs sur une terrasse ensoleillée. Il plante une graine, arrose, attend… et ce n’est pas toujours aisé car elles non plus ne poussent pas toujours droit. Souvent les tiges se cassent sous le poids de leurs propres feuilles. Souvent la poussée est trop forte alors un matin elles tombent, épuisées. Mais Paul sait faire ; délicatement, il attache les fleurs à un tuteur improvisé, baguette chinoise, tige de bois, petite branche, et aide les fleurs à se redresser. Les fleurs aussi dérivent. Tous les vivants dérivent. Et Paul ne voit pas le problème. Il ne comprend simplement pas, comment les gens y croient, à cette histoire qui saurait où elle va.

La bague de Paul est forcément comme ça : des traits bien droits sur le côté, qui dessinent des carrés – ceux-là on ne les voient pas, et des courbes comme des vagues, qui brillent, qui dansent – celles-ci sont au centre.

 

Alice Babin

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