Ombre Claire et le Sahara, c’est une grande histoire d’amour.
Le Sahara, Ténéré chez les Touaregs est le plus grand désert chaud du monde. Il s’étend sur plus de 5 000 kms d’Est en Ouest de l’océan Atlantique à la mer Rouge. Ses paysages sont variés, des dunes à perte de vue, des déserts de pierres appelés regs, des montagnes tels le Hoggar, ou encore des hamadas soit des plateaux rocailleux. Il est majestueux, gigantesque.
Ce grand désert a toujours fasciné et inspiré bon nombre d’artistes, des écrivains comme St Exupéry qui rencontre son petit prince à la suite d’une panne dans le désert, Théodore Monod, Pierre Loti, Dino Buzatti, Ella Maillard, de grands photographes qui n’ont eu de cesse de partager leur amour du Sahara comme Jean-Marc Durou, mais également des cinéastes avec des films inoubliables tels que Lawrence d’Arabie ou Un thé au Sahara pour n’en citer que quelques-uns.
Lorsque j’ai découvert le Sahara pour la première fois, j’ai ressenti un immense vertige. Ces étendues à perte de vue, loin du monde moderne. Une sorte de connexion physique qui fait se sentir tellement vivant et à la fois tellement fragile. En effet, le désert est un environnement rude où l’on ressent combien il faut faire avec les paradigmes naturels. Il faut emporter de l’eau, de la nourriture, se protéger du soleil et de la chaleur. On appréhende le silence, la solitude, la soif. Si on s’éloigne de son groupe quelques instants, on se retrouve totalement seul face à soi-même comme si le monde s’était arrêté et que l’on touchait au vrai sens des choses. Le désert rend mystique, philosophe.
Je me rappelle cette très jolie phrase d’un jeune garçon qui voyageait avec moi lors de mon premier séjour au Sahara en 1992 dans le Tassili n’Ajjer en Algérie. Il disait que dans le désert on entendait son cœur battre, comme si tous nos sens en éveil nous permettaient de ressentir des choses jusqu’alors ignorées ou auxquelles on ne prêtait pas attention.
On pense souvent que le désert est un lieu figé, vide, sans vie. C’est tout le contraire ! Les paysages sont en mouvement permanent. Le vent érode la roche, il transporte les grains de sable qui vont s’accumuler çà et là pour construire une dune, enfouir un rocher ou au contraire le découvrir. La vie est également présente, 1 200 espèces vasculaires se sont adaptées à ce climat aride, la moindre goutte de pluie fait apparaître un végétal en sommeil. L’acacia, par exemple, est un arbre incroyable qui, avec ses immenses épines, survit dans ces milieux arides, il est une source de protéines pour les animaux et pour les nomades un arbre indispensable à la pharmacopée traditionnelle. Lorsqu’on marche pieds nus, on peut rencontrer des cram cram une espèce de plantes herbacées épineuses qui vient s’accrocher à votre voute plantaire ou sur vos vêtements. Car oui, les épines sont une bonne arme contre l’aridité. Et puis il y a la faune, des carnassiers comme le fennec, des mammifères comme le dromadaire dont la physiologie est totalement adaptée aux contraintes du désert notamment grâce à sa bosse de graisse et la grande quantité d’eau qui peut être absorbée en très peu de temps peut supporter la chaleur et le manque de ravitaillement. Ainsi il peut passer 10 jours sans boire et 3 semaines sans manger grâce à ses réserves malgré parfois des températures atteignant les 50°C. La plupart des autres espèces vivent soit dans les montagnes, soit s’enfouissent dans le sable quand les températures sont trop chaudes. Ainsi notre ami le scorpion peut tenir jusqu’à 1 an sans boire et sans manger. On vérifie toujours ses chaussures le matin avant de les enfiler pour voir si un scorpion n’a pas décidé d’y faire une sieste en attendant de piquer notre pied. On évite aussi des faire des châteaux de sable car un scorpion enfuie peut apparaître à chaque instant.
Et puis il y a les peuples nomades du Sahara, ces hommes qui eux aussi ont réussi à s’adapter à cet environnent difficile. Les Touaregs qui vivent dans la partie centrale du Sahara, les Maures dans l’Ouest ou encore les Toubous dans le Sahara oriental.
Les hommes se sont réfugiés près des points d’eau, dans des vallées autour des oueds, des cours d’eau temporaires à sec une partie de l’année et qui se remplissent à la saison des pluies ou près d’un puits car l’eau est présente dans le sous-sol. Ils y pratiquent l’agriculture et l’élevage dans les fameuses oasis qui ne sont pas des mirages mais des lieux où les hommes ont pu s’organiser autour d’un point d’eau pour cultiver des jardins. Ainsi, dans le massif de l’Aïr, il y a l’oasis de Timia. Après de longues heures à marcher dans la caillasse, on découvre des jardins luxuriants où l’ont cultive des tomates, des oignons, des agrumes gorgés de soleil. C’est là que j’ai eu l’impression de découvrir, pour la première fois, le gout des tomates que je n’aimais pas jusqu’alors et dans lesquelles je croquais désormais à pleine dents ou encore des oranges juteuses et délicieuses.
Nous avons choisi de travailler avec des artisans Touaregs au Nord du Niger. On retrouve dans les bijoux sahariens traditionnels des formes, des motifs des symboliques liés au désert. Des plissements de la dune aux strates rocheuses, l’environnement est bien présent dans l’art et l’artisanat saharien. Ainsi, Aude Durou, la créatrice d’Ombre Claire, a écrit un très beau libre « Bijoux nomades » illustré par les photos de son père, dans lequel elle a étudié la symbolique des bijoux sahariens et le lien entre les motifs, les formes et l’environnement.
Le désert c’est la lenteur, les dégradés d’ocre, la voute étoilée qui vous empêche de dormir les premières nuits tellement le ciel est chargé d’étoiles, la sobriété. Nul n’est besoin de comprendre qu’il faut éviter le gaspillage dans cet environnement fragile tellement c’est une évidence. Les Touaregs sont parvenus à vivre dans le désert grâce à ces valeurs qui nous font tellement défaut. C’est comme si le désert nous rappelait des choses simples et évidentes qui font les grands maux de nos société modernes.
Je rêve d’une nuit en bivouac à dormir à la belle étoile sous la voute céleste, à palabrer des heures autour d’un thé. Dans le désert, on partage le temps, la discussion est très importante car loin des distractions, c’est d’être ensemble qui est important. Le moment du repas autour du feu, seule source de lumière quand le soleil se couche est un temps d’accalmie où l’on reprend des forces car le soleil de nous brûle plus les joues. Nous avons eu la chance de partager la vie des campements, la traversée du désert en chameau, de toucher à la vie nomade et cela nous a enrichie pour toujours.
Le Sahara nous a beaucoup appris, beaucoup inspiré et nous lui portons une immense affection ainsi qu’à ses habitants. Travailler avec les Touaregs dans le Sahara est un choix délibéré et nous partageons avec nos amis artisans ces valeurs inculquées par le désert.
Les bijoux Ombre Claire que nous vous proposons sont riches de ces rencontres, de ces expériences. Comme un hommage à tout ce que le désert nous a apporté grâce à nos amis Touaregs qui nous ont parlé, expliqué leur culture, leur environnement et le désert auquel ils sont tant attachés. La culture saharienne fait partie de notre histoire depuis bientôt 30 ans et à travers nos bijoux fabriqués à la main, dans le sable, par les artisans Touaregs riches de leurs savoir-faire ancestraux, nous souhaitons la partager avec vous.
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